Slam de Gérard, centre-ville de Montréal, 21 juin 2022.
Transcription
« La dernière fois… La madame qui est morte gelée comme une chienne…
Le jeune pompier là chez nous qui a la casquette de travers qui font pas de l’co (?) Double compte, le gars qui est là, le pompier, y’est en charge. L'aide-janitor là…
La madame qui est morte comme une chienne, y’ont pas fait de double compte parce qu’ils sont en train de jaser probablement, t’sé qu’est-ce j’veux dire. T’applique ta job. J’ai une grand gueule mais quand je rentre dans le garage, je ferme ma gueule parce que c’est écrit mécanicien seulement. Parce qu’on s’applique à notre emploi. J’ai mal pour ma ville, ma vieille société, ma vieille jambe qui était prospère dans vingt-deux quartiers. Asteur, y travaillent rien que sur un bord, y veulent même pas des chinois, y disent ouin ben… Moi je peux dire, dans la diversité, avec le parc des tibétains, si on arrivait à la moitié de ce qu’eux autres savent, par exemple dans leur différence… Par contre la bonté passe, à travers les temps, peu importe les choses, on va mettre un peu d’ordre, mais c’est jamais longtemps, parce que 'gardon (...?) »
Mot de Batone, collaborateur à la médiation chez Exeko, 21 juin 2022
Transcription
« Je m’appelle Batone et je suis médiateur pour l’organisme Exeko. Je travaille auprès des populations marginalisées dont les gens en situation d’itinérance à Montréal. À travers des ateliers de création et de discussion autour de l’art et de la philosophie, nous essayons de promouvoir l'inclusion sociale par l’intelligence. Dans le cadre de ce travail, je me promène dans une van sur les rues de la ville en allant vers les gens. L’artiste Raphaëlle de Groot nous a contacté pour élargir et démocratiser davantage le caractère participatif et collaboratif qu’elle veut donner à l’élaboration de l’œuvre du MEM. Après plusieurs rencontres nous avons croisé Gérard, un poète itinérant avec une capacité d’improvisation de slam absolument impressionnante. Je crois qu’on a été chanceux de le rencontrer à l’intérieur de cette enquête, car son slam est totalement ancré sur la mémoire des luttes et des difficultés sociales par lesquelles sont passés ses parents, ses ancêtres, les anciens et actuels travailleurs de la ville. Le slam est une forme de poésie orale et urbaine, scandée ou chantée, pratiquée dans des lieux publics comme les bars sous forme de rencontres ou de joutes oratoires. Gérard, je le trouve un maître du slam. Toutefois, son discours et sa poésie éclatée nous laissent intrigués sur la véracité de ses témoignages. Sont-ils vrais ou inventés ? Comme si on était face à un homme rempli de mots dont la force et l'urgence, lui-même ne peut pas les contenir. Est-il porteur d’un style vraiment libre ou ses paroles sont déjà quelque part affectées par un type de folie ? Peu importe le cas, le rencontrer sur son chemin est toujours une expérience pleine de beauté et de stupéfaction. »
Pour en savoir plus sur la collaboration de l’organisme Exeko .