par Marie Achille
Collaboratrice de l'Hippocampe
Octobre 2021
Voici un petit retour et une retranscription de quelques bribes de conversations avec les habitants et les habitantes de Viauville. Quelques dessins et objets ont été recueillis et mis dans les enveloppes.
Toutes les personnes parlent de la « friche » comme d’une personne qu’elles aiment, qu’il est si important de garder proche de soi. Une personne dont on prend soin, pour qui on pourrait tout faire pour la préserver.
Marie-Claude et Josée
Viauville, c’est un sentiment d’apaisement, des sourires, des regards entre habitants et habitantes. Entraide, solidarité.
Se sentir plus proche de la nature grâce à la présence de beaucoup de végétation.
Endroit calme, propice à des balades, à l’errance, fait de hasards, de rencontres et de retrouvailles.
Beaucoup de liens sociaux et d’aide communautaire.
Souvenir d’enfance : sur le chemin de l’école, de nombreuses odeurs de sucreries et de biscuiteries; boulangerie POM et anciens magasins maintenant fermés.
Estelle et Rose
Estelle arrive plein d’entrain avec son enfant Rose, timide, un sac Ziploc à la main.
Rose partage ses « coquillages d’Hochelaga ». Ce sont des coquilles d’escargot récupérées au boisé de la friche. Cet espace est un endroit très important pour sa maman. Elle peut s’y balader, se ressourcer, respirer.
Depuis la pandémie, de nombreuses personnes du quartier s’y promènent. Un endroit très humide, proche de l’eau, d’où l’on peut voir l’horizon. Sérénité et calme absolu.
Rose aime beaucoup cet espace aussi. Elle y court, creuse avec ses mains, touche la terre, se promène avec ses parents, récolte des champignons avec sa maman. Rose trouve/creuse des fossiles, traces du passé.
Leonardo et ses enfants
Montréal, c’est un sentiment de proximité et une île solidaire entremêlée d’interrelations de diverses cultures. Une île rassemblant de nombreux villages, diverses odeurs.
Malgré la gentrification de certains quartiers, quelques-uns restent très solidaires, comme Viauville. Une grosse communauté solidaire et très politisée. Leonardo y vient avec ses enfants, et y croise d’autres familles qui se connaissent.
Un papa lance une question ouverte : « Où est le vent à Montréal ? » Un enfant répond tout de suite : « Le vent est dans les fenêtres ».
Puis, quelques enfants utilisent de la pâte à modeler pour fabriquer quelques formes, et ensuite, partent jouer en courant.
Joris et Anaïs
La friche, c’est beaucoup de sensations et d’émotions liées à la politique : une place naturelle, calme et pleine de ressources qu’il est important de défendre, mais qui demande beaucoup d’énergie.
Joris a dessiné différents espaces sur la carte de Montréal. Il y remarque une frontière entre l’Est et l’Ouest de l’île. L’espace de la friche est calme et apaisant face aux fumées des usines industrielles et du bruit des bateaux commerciaux. Sur son dessin, il y a des bulles et formes arrondies tout le long du contour. Il y représente l’île comme un espace mouvant, changeant, des bulles d’air se rattachant à la terre.
La friche est humide, tout proche du fleuve, du port. Sensation d’être à la mer, voir l’horizon au loin, entendre la corne de brume les matins de brouillard.
Isabelle
La friche, c’est comme nos pyramides. Elle permet d’accueillir nos états d’âme, et de nous apaiser lorsque des montagnes russes d’émotions nous traversent. Durant la pandémie, ce Mont-Covid était un paradis-refuge. Y en a qui y promène leur chien, d’autres y promènent leur âme. On peut aussi tomber en amour avec un lieu… On n’y va pas tout le temps, mais on sait qu’il est toujours là, et ça rassure.
Photos de Jérémie Dubé-Lavigne
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